Sauvons l'hôtel Lambert !
"Parfois, je ne peux m'empêcher d'être écœuré, quand je
vois l'incurie (...) de certains détruire les édifices que le barbare ou l'ennemi furieux avaient épargnés en raison de leur éminente dignité, ou que le temps, intraitable dévastateur des choses,
souffrait volontiers de voir durer éternellement."
Leon Battista Alberti, "De re aedificatoria", Florence, 1485, Livre X, Ch. 1, fol. 869-871.
Ce jour de Noël 2010, paraît dans Le Monde , un article d'Henri Gaudin, architecte, dont voici le texte : "C'est une indignation à la mesure du forfait qu'on se prépare à commettre à son encontre. Le projet de restauration de l'hôtel Lambert, cet édifice...
Le morceau de bravoure de l’architecture domestique parisienne conçu par Le Vau et décoré par Le Brun à la pointe de l’île Saint-Louis est sur le point de subir une transformation radicale. Si les remaniements successifs n’ont jamais altéré sa distribution...
Notre association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique avait déposé respectivement trois recours, dont un gracieux auprès du ministre de la Culture, en vue d’obtenir la suspension, l’annulation et le retrait de la décision du 11...
Notre association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique avait déposé respectivement trois recours, dont un gracieux auprès du ministre de la Culture, en vue d’obtenir la suspension, l’annulation et le retrait de la décision du 11...
C’est une très grande satisfaction : la juge des référés ordonne la suspension de la décision du ministre de la Culture et de la Communication en date du 11 juin 2009, autorisant les travaux à l’hôtel Lambert. Elle donne ainsi raison à notre association...
LE MONDE | 16.05.09 | 15h42 - Article paru dans l'édition du 17.05.09 Rien n'est joué pour la sauvegarde de l'hôtel Lambert, joyau parisien du XVIIe siècle classé monument historique. A la veille de la décision de Christine Albanel sur l'avenir du bâtiment,...
Haut lieu de son histoire au XIXe siècle, la Pologne s’inquiète du projet de restauration de l’hôtel Lambert, par le biais de son ambassadeur à Paris. Tomasz Orlowski a écrit à Frédéric Mitterrand pour exprimer sa « préoccupation face aux informations...
Réunie le 1er avril à l’Hôtel de Ville, la commission du Vieux Paris n'a pas que constater les non-concordances entre les différents documents qui lui ont été communiqués. Elle demande donc que la version actualisée du projet lui soit transmise, afin...
Блестящий образец жилой архитектуры XVII столетия, уникальный ансамбль, созданный архитектором Л. Лево, живописцами Ш. Лебреном и Э. Лесюером на стрелке острова Св. Людовика в Париже, находится перед лицом серьезных и, вероятно, опасных перемен. Если...
Les discussions initiées avec l’association, conjointement par le ministre de la Culture et de la Communication, le maire de Paris et leurs représentants, ayant finalement trouvé un compromis satisfaisant, nous avons décidé d’initier les démarches visant...
Rischia di subire una radicale trasformazione il capolavoro dell’architettura residenziale parigina progettato da Le Vau e decorato da Le Brun sull’estremità orientale dell’Île Saint-Louis. Se i rimaneggiamenti subiti nel corso dei secoli non ne hanno...
إنّ التحفة المعمارية التي رسمها وزيّنها المهندسان الفرنسيّان Le Vau و Le Brun والواقعة عند رأس جزيرة سان لويس الباريسية لهي على وشك أن تتعرّض لـتغيـيرات جذرية مشوّهة. الحقيقة أنّ التحولات المتتالية السابقة التي عرفها المبنى لم يكن لها أثر سلبيّ على هيكلته...
Arcydzie ło paryskiej architektury użytkowej, zaprojektowany przez Le Vau, z dekoracją wnętrz według Le Brun, znajdujący się na brzegu wyspy Świętego Ludwika ma ulec radykalnym przebudowom. Dotychczasowe, sukcesywne renowacje nie naruszyły struktury tego...
Le 9 mars dernier, la Commission nationale des monuments historiques a avalisé à l’unanimité le projet de transformation conçu par l’architecte en chef Alain-Charles Perrot. Quelques amendements ont été obtenus, mais la situation reste très préoccupante....
Signé par un collectif de 7 experts de la Commission du Vieux Paris, dont plusieurs membres particulièrement éminents, ce "rebond" a été refusé par Libération fin février au motif qu'il était diffamatoire. Même si quelques amendements ont été obtenus...
La Tribune de l'Art , mis en ligne le 13 mai 2009 Le 18 décembre 2008, consultée sur le « projet de réhabilitation » de l'hôtel Lambert élaborée par l'agence d'Alain-Charles Perrot, la Commission du Vieux Paris avait exprimé son opposition unanime. Quatre...
Esta muestra de valentía de la arquitectura doméstica del París del siglo XVII, diseñada por Le Vau, decorada por Le Brun y situada en uno de los extremos de la Isla de San Luis se encuentra ante una inminente amenaza de transformación radical. Si bien...
サン = ルイ島の先端にあるランベール館はル・ヴォー設計、ルブランの室内装飾によるパリの邸宅建築の傑作ですが、この建物がいままさに大規模な改築の危機にあります。これまで何度もなされた補修では、その空間配置も、当初の構造も変えられませんでした。しかし、このたび明らかにされた計画では、17世紀の建築を贅沢な資金による高級住宅の経営方針に従わせ、その外観を非現実的な原型に回帰させようとしています。部屋を細かく分割することは、重大な破壊を引き起こします。また配管、空調、エレベーターを設置していくのにともない、不釣り合いな工業製品が過剰に用いられることは必至です。敷地内にあらゆるものを詰め込んでしまえば、当初の姿をとどめる地面と地階が犠牲になります。また駐車場への通路を設けるためにセーヌ川沿いの擁壁に入口がつけられると、空中庭園が崩壊するおそれもあります。...
Mme Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a finalemenent autorisé les travaux pour la restauration de l'hôtel Lambert. Cliquez ici pour accéder au communiqué de presse officiel. Dès le lendemain, la presse nationale s'est fait...
Protestations au 2 rue Saint Louis en l’Ile, 1 quai d’Anjou (4e arrondissement) La Commission du Vieux Paris, réunie le 18 décembre 2008 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de Mme Colombe Brossel, adjointe au Maire de Paris chargée du patrimoine, a...
Amis, défenseurs du patrimoine, vous trouverez ci-dessous le texte intégral du courrier que nous avons adressé au nouveau ministre de la Culture et de la Communication, quelques jours après sa nomination. Nous sommes toujours en attente de sa réponse....
サン=ルイ通り2番地、アンジュー河岸1番地(4区)にあるランベール館の改築に反対する声明書 パリ歴史的景観保存委員会は、パリ市長補佐官であり、文化遺産管理担当のコロンブ・ブロッセル議長の下に2008年12月18日にパリ市庁舎にて開催された。同委員会は現在、歴史的建造物の指定を受けているランベール館において予定されている改築に対して厳然たる異議を表明するものである。同館は、建築家ルイ・ル・ヴォーの若き日の傑作であるのみならず、当時の傑出した芸術家ルブラン、ルシュウールらとの共同制作の賜物であり、ルイ13世時代の後期の形態をそのまま今日に伝える掛け替えのない殆ど唯一の邸宅である。...
Amendé sur de nombreux points, le projet de transformation de la pointe de l’île Saint-Louis est toujours aussi destructeur. Refondu en fonction des exigences de la Commission nationale des monuments historiques (CNMH) réunie le 7 mars dernier, le projet...
LE MONDE | 06.02.10 | La restauration dans les règles de l'art d'un monument historique à usage d'habitation est une aventure délicate. Apporter un confort dernier cri à un édifice classé peut porter atteinte à son intégrité patrimoniale. Gommer les strates...
This bravura piece of Parisian domestic architecture on the point of the Ile Saint- Louis, designed by Le Vau and decorated by Le Brun, is under imminent threat of radical transformation. The 17th century mansion has survived successive changes with its...
LE MONDE | 23.02.09
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Pour l'hôtel Lambert, faites encore un effort, Monsieur l'architecte en chef !
par Claude Mignot
Le 18 décembre 2008, la Commission du Vieux Paris alertait l'opinion sur la dénaturation importante que subirait l'hôtel Lambert, l'un des grands chefs-d'oeuvre de l'architecture
du Grand Siècle, classé Monument historique depuis 1862, si le projet de "réhabilitation" élaboré par
l'architecte en chef des Monuments historiques (MH), M. Alain-Charles
Perrot, pour le nouveau propriétaire, n'était pas
profondément amendé. L'affaire de l'hôtel Lambert, dont Le Monde s'est plusieurs fois fait l'écho, commençait.
Réflexion faite, le plus étrange est que les points les plus discutables du projet, voire les plus scandaleux, tiennent moins
aux exigences du client qu'aux choix techniques, aux caprices esthétiques et aux erreurs historiques de l'architecte.
Le premier point, celui par lequel le scandale est arrivé, est le parti de creuser et de cuveler
de béton la cour et le jardin, pour installer un vaste parking souterrain et les lourds équipements techniques, électriques et géothermiques retenus par M.
Perrot.
Il est assez ahurissant qu'un architecte
en chef des MH ait pu proposer de creuser le seul authentique jardin "suspendu" du "Paris Grand Siècle" pour établir un garage trouvant son débouché en plein milieu du mur du XVIIe, dans un site
classé au Patrimoine mondial.
Ce parti de
plan serait écarté, dit-on, mais faut-il revenir simplement au projet initial, que les services de la Ville avaient déjà rejeté : parking sous la cour et plateau technique sous le jardin ? Il
présente deux inconvénients majeurs : le passage de béton reliant les deux cuvelages passe sous les caves du corps principal et viendra couper les pilotis de bois sur lequel repose l'hôtel
Lambert, comme tous les vieux hôtels de l'île Saint-Louis ; d'autre part, même si le cuvelage technique est un peu réduit, l'authenticité et la beauté du jardin resteront fortement
altérées.
Une seule solution est correcte d'un point
de vue patrimonial : garer les voitures en surface, dans les anciennes remises de carrosse et dans le passage cocher existant sur le quai, comme le faisaient les Rothschild, les précédents
propriétaires, ce qui permettrait de placer tout le plateau technique sous la cour pour dégager les caves, sans creuser sous le
jardin.
Le deuxième point, qui fait aussi
scandale, touche la dernière pièce du grand appartement du premier étage, avec son plafond à poutres et solives peintes et dorées avec des figures - putti et médaillons -, que l'étude a reconnu
comme authentique, avec des restaurations d'extension limitée. Le projet prévoyait de transformer le noble "cabinet" de M. Lambert en salle de bains et dressing, et de détruire un bon tiers du
plafond pour faire passer un ascenseur et une énorme gaine technique. Devant la presse en janvier, l'architecte reconnaissait l'écueil, "concession faite au propriétaire", qui souhaitait
un accès direct par ascenseur à sa chambre.
On
attendait plutôt qu'il trouve la bonne passe pour l'éviter... derrière la cloison qui retranche depuis le XVIIIe ou le XIXe un quart environ du grand cabinet de travail d'origine, l'ascenseur
pouvant remplacer le petit escalier de dégagement installé là. Et, si on y retrouve le quart manquant du plafond peint d'origine, il faudra savoir persuader le nouveau propriétaire, qui aime,
dit-on, l'art et Paris, qu'on a des devoirs vis-à-vis du patrimoine qu'on occupe, et que, pour préserver cette découverte, il faudra se satisfaire d'un ascenseur s'arrêtant au premier étage (deux
autres ascenseurs n'étant pas si loin) pour ne pas détruire ce qu'on viendrait à découvrir.
Le troisième point est sans doute moins spectaculaire, mais, pour l'architecture comme pour la
haute couture, tout est dans les détails autant que dans le grand dessin. Il touche à la doctrine de restauration, qui a fait pourtant l'objet d'accords internationaux signés par la France, la
charte de Venise en 1965 et la convention européenne de Grenade en 1985, et dont la règle majeure est le respect des strates de
l'histoire.
Or le prince polonais Adam Czartoryski, qui
rachète l'hôtel en 1842 et dont la famille le possède jusqu'en 1976, opère une importante restauration avant d'accueillir dans ses salons tous les exilés polonais de Paris et quelques-unes des
gloires de la France littéraire. Pourquoi vouloir gommer toute trace de cette seconde brillante période pour restituer un pseudo-état XVIIIe
?
Il est absurde de vouloir remplacer dans
la cage du grand escalier la balustrade haute, créée au XIXe, par une balustrade neuve, en s'appuyant sur une gravure dont on peut démontrer la fausseté, comme de substituer au lanternon zénithal
en place un lanternon neuf, dont le modèle n'est pas documenté. Absurde aussi de changer le dessin des lucarnes, dont la plupart datent de cette même époque, d'autant que l'opération conduit à
déposer les beaux vitraux qui éclairent le corridor de l'atelier installé dans les combles pour le prince polonais par J.-B. Lassus, le restaurateur de la Sainte-Chapelle, à
Paris.
En fait, si les deux commissions, qui
doivent se réunir prochainement, n'y mettent pas leur veto, c'est tout cet appartement néogothique, y compris l'escalier qui y mène, que s'apprêtent à faire disparaître M. Perrot et M. Pinto, le
décorateur dont le rôle est sans doute plus important que ce qu'on en a dit jusqu'ici.
Pourquoi diable faut-il une campagne de presse et d'opinion pour obtenir le respect de notre
patrimoine ? Tous les atouts semblaient pourtant ici réunis : un propriétaire amoureux des arts, prêt à dépenser sans compter et donnant carte blanche à un architecte des Monuments historiques,
épaulé par un comité scientifique. Mais voilà : l'architecte a une vision archaïque de la restauration, le comité ne comprenait jusqu'il y a quelques semaines ni spécialiste d'architecture ni
spécialiste du second-oeuvre, et le ministère pilotait le tout en direct dans le secret.
Maintenant que le dossier est public, espérons que le bon sens patrimonial l'emportera et que l'hôtel Lambert pourra retrouver sa splendeur.
Claude Mignot est professeur d'histoire de l'art et de l'architecture à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la Commission du Vieux Paris.